Voilà mon premier partage d’expérience de nature en famille. Pour cette première, je triche un peu parce qu’elle n’était pas réalisée avec ma grande famille, seulement mes deux plus vieux, Arnaud et Adèle. En fait, c’est tout simplement pour des raisons de sécurité parce que mes bébés sont quand même encore des bébés et que le feu, avec des bébés, à l’extérieur sans protection, c’est un peu dangereux. Très important aussi à savoir : faire un feu en forêt ne comporte aucun risque quand on est sous la neige. L’été c’est tout autre chose et ce n’est pas le sujet de cet article.

Chibougamau, hiver 2024 dans un brûlis restant après les grands incendies québécois de juin 2023. Selon la SOFPEU, c’est 4,5 millions d’hectares qui ont brûlé cette année-là.

Je tiens aussi à vous rappeler qu’avec mon blogue, j’ai l’intention d’aider les familles à reconnecter avec leur besoin profond d’être en nature (voir l’article « portrait de famille »). Pour que la magie opère, il faut absolument respecter la prémisse suivante. Reconnecter avec la nature, ça implique nécessairement de relaxer en nature. Se ressourcer, profiter de « ici et maintenant » et se recentrer sur des pensées qui nous font du bien.

Chaque hiver, depuis 13 ans où je vis en Abitibi, j’ai de la difficulté à profiter pleinement de l’extérieur. Ça doit être mon origine méditerranéenne qui trouve que c’est long et froid, l’hiver abitibien. Ces dernières années, surtout avec les bébés, j’avais tendance à m’encabaner de novembre à mai. Sortir seulement pour aller au bureau ou à l’épicerie.

Cette année, forte de mon manque flagrant de ressourcement en nature, j’ai décidé d’aller dans la forêt en arrière de ma maison et d’y installer, à moyen terme, une cabane faite à la main. Pour votre information, cette forêt m’appartient. Attention donc si la forêt ne vous appartient pas.  Construire une cabane ne sera peut-être pas possible. Et dans une forêt privée, il faut toujours demander l’autorisation pour y pénétrer ou y faire un feu.

Je suis donc partie à l’aventure dans ma forêt et j’ai cherché un coin à quelques minutes de marche, avec une belle énergie. Pas besoin d’être magicien pour savoir ça. Il suffit juste de voir si l’endroit nous plaît ou qu’on le trouve beau. En fait, peu importe l’endroit, en autant qu’on l’ait choisi. Mon coin ressemble à un petit rond d’environ 10 mètres avec de grands arbres autour. Il y a même un arbre tout mort encore droit et quelques bouleaux. Sinon, ce sont de grandes épinettes et de jeunes sapins.

Dans ce rond, il y avait beaucoup de buissons d’aulnes et d’autres petites branches qu’il a fallu nettoyer au sécateur. J’ai tout coupé, mis ça propre à mon goût, et fais un tas de branches. Mon but, brûler le tas de branches, même s’il était vert. J’y suis donc retourné plusieurs fois seule avec des bûches et du bois sec pour brûler tranquillement le tas de branches d’aulnes.

Là, le moment était venu de présenter mon coin à ma famille. Pour la motivation des troupes, j’ai quand même eu besoin d’apporter des guimauves. Donc c’est ce dont j’ai eu besoin pour cette expérience de « nature en famille ». Des guimauves, des clémentines (parce que mes dents n’aiment pas les guimauves) et une bouteille d’eau. J’ai pris aussi un sécateur pour couper quelques branches sur le chemin qui auraient été à hauteur des yeux de mes enfants.

Voilà, on est arrivés dans mon petit coin. Les enfants ne m’ont pas dit « wow c’est dont bien beau !! » mais ça n’importait pas. Nous avons retiré la neige tombée sur mon tas de branches vertes, et notre but était d’installer notre futur feu sous le tas de branches vertes, pour qu’elles brûlent tranquillement). Arnaud était responsable d’allumer le feu. Voici la technique enseignée par son père que nous avons suivi :

Il faut trouver autour de ton coin des épinettes avec des branches sèches. Une épinette c’est un arbre résineux (donc avec des aiguilles) qui est très commun en Abitibi. J’ai trouvé ce truc sur internet pour savoir reconnaître un sapin d’une épinette : sapin — LA MÉTISSE (lametisse.ca). D’après cette auteure, il faut « toucher la branche à rebrousse-poil. Le sapin est toujours doux, l’épinette (épine!), ça fait mal !! ».

Donc, on repère une belle grande épinette et ses branches sèches et mortes qui sont plutôt en bas du tronc. Sur ces branches, il y a de minuscules branches qui sont d’anciens rameaux ayant perdu leurs aiguilles. Prenez en et faites en un genre de balle de foin roulée, de la grosseur d’une main. Cette balle de vieux rameaux est la clé qui va vous donner un beau petit feu. Vous pouvez en préparer d’avance quelques-uns au cas où votre feu ne collaborerait pas. Voyez sur la photo.

Récolter aussi d’avance d’autres petites branches sèches de différentes grosseurs que vous ajouterez au fur et à mesure que votre bébé feu grossit. C’est bien important de vous préparer quelques tas de petites branches parce que, comme un bébé humain a tout le temps faim dans ses premières semaines de vie, votre bébé feu aura faim de combustible. Vous pouvez aussi vous préparer des branches mortes plus grosses ou bien apporter avec vous 4 ou 5 bûches de chez vous. Un feu qui dure une heure ou deux, ça brûle beaucoup de bois.

Quand Arnaud a tout bien assimilé les informations, lui et moi avons appliqué à la lettre les consignes de papa. Nous avons tout bien préparé à l’endroit où nous avions décidé de faire le feu et là Arnaud me dit : « Elle est où la branche qui va vouloir frotter sur un morceau de bois pour faire des étincelles ? ». J’ai beaucoup ri intérieurement quand j’ai sorti un briquet de ma poche. Ça a un peu cassé son imagination mettons. Je lui ai dit que je serai bien incapable de faire ça et que de toute façon, on avait juste l’après midi de prévue là.

C’est Arnaud qui a été responsable de partir le feu. Il s’est vite découragé quand ça ne prenait pas. En hiver, avec la neige partout, c’est vrai que ça peut être difficile. Mais là je lui ai expliqué qu’un feu, c’était comme un petit enfant gêné (comme lui 😊). Qu’il était timide là, au milieu de la forêt avec toute cette neige humide et ces grands arbres qui le regardent. Donc il fallait lui donner toutes ses chances et le mettre en confiance. Avec notre troisième petit ballot de ramilles, on a donc recommencé le processus. J’ai mis un vieux kleenex à l’intérieur du ballot de ramilles pour aider mais normalement si le ballot est bien serré, pas besoin de kleenex.

Il faut aussi souffler très gentiment dessus (le feu a besoin d’air pour brûler) et quand on voit que ça grossit, on peut ajouter du combustible, toujours les plus petites branches en premier. Là c’est très important de respecter l’énergie du feu. Si on ajoute trop de combustible, il va manquer d’air et mourir. Si on met trop d’air aussi il va mourir. Et si on ne met pas assez de combustible, il va en manquer et mourir. Soyez observateur et ressentez l’énergie du feu. Ne vous découragez pas, soyez très patient et ne vous attendez pas à un feu de joie digne de la St Jean. Ici la règle c’est : prendre ça relax, ici et maintenant, pensées apaisées !

Ça a pris 4 ou 5 ballots, bien des découragements et de la frustration de mon garçon mais vous auriez dû voir la joie dans ses yeux quand enfin son bébé feu a grandi. Et la fierté dans mes yeux à moi. Ma fille n’a rien suivi de tout ça, beaucoup trop préoccupée à visiter le coin, couper des branches pour y mettre ses futures guimauves. Une fois elle est venue nous dire que c’était long, puis elle est retournée faire ses trucs. Un jour ce sera à son tour d’apprendre à faire un feu dans la neige.

Notre feu était super beau, on a mis des guimauves sur les branches que Adèle avait préparé, moi j’ai mangé des clémentines et on est restés là une bonne heure à parler de tout et de rien. Je me suis ressourcé pour vrai, je me suis reconnecté à la nature. Après ce bel après-midi, je me suis promis d’y retourner. Ce que j’ai fait. Avec Benjamin. La première chose qu’il m’a dite en arrivant c’est : « tu ne pourras pas y construire ta cabane, les arbres ne sont pas bien positionnés ». Non mais quel « casseux de party » celui-là…

J’ai bien hâte de vous parler de la construction de ma cabane faite à la main !

Merci de m’avoir lue !

Arnaud et Adèle qui dégustent leurs guimauves, comme vous voyez, dans mon feu, j’ai mis un peu tout le combustible que je pouvais trouver chez moi. On a fait des rénovations cet été.

Dans un objectif d’amélioration continue, je prend tous les commentaires, surtout ceux qui ne flattent pas mon ego !

en bas de la page ou en privé si vous préférez : marion.seg@live.fr

2 réponses à « Faire un feu sous la neige »

  1. Avatar de Gérald Gagnon
    Gérald Gagnon

    Que de chances ils ont ces enfants d’avoir des parents qui partagent du temps et des connaissances avec eux, félicirations à vous deux.

    Tu a des talents d’écrivaines Marion!!!

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